Noël Coypel – « Le Triomphe de la Philosophie », dit aussi « la Grammaire parmi les Arts libéraux »

Noël Coypel, « Le Triomphe de la Philosophie », dit aussi « la Grammaire parmi les Arts libéraux », huile sur toile, 423 x 500 cm. Huile sur toile

Sous le règne de Louis XIV, au cours d’une longue et brillante carrière de peintre d’histoire et de décors royaux dans le palais des Tuilerie, les Grands appartements de Versailles et au Grand Trianon, Noël Coypel travailla également pour la Manufacture royale des Gobelins à la demande de Louvois.

La tenture des Triomphes des dieux, également intitulée au XVII^e des Arabesques de Raphaël, fut commandée par le marquis de Louvois entre 1684 et 1693. Elle est inspirée de la suite exécutée pour le pape Leon X   par Giovanni di Udine, proche collaborateur de Raphaël. Six pièces étaient consacrées à Apollon, Hercule, Mars, Minerve, Bacchus et Vénus, deux autres à des figures allégoriques, la Grammaire entourée des Arts libéraux et la Foie parmi les Vertus. Cette association des dieux et des allégories exhalait au XVI^e siècle une harmonie universelle. Au XVII^e, le sens iconographique des deux dernières tapisseries sont associées à la Religion (pour la Foi) et à la Philosophie (pour la Grammaire).

Cette dernière reprend la composition d’origine en trois registres horizontaux. Au centre se trouve l’édicule abritant le personnage principal, de chaque coté duquel sont représentés trois figures allégoriques et des scènes décoratives en haut et en bas.

Compte tenu de l’importance de ses émoluments (23 800 livres au total), Coypel semble s’être lui-même chargé du carton qui permettait la transposition de la composition en tapisserie. Habituellement le peintre de renom exécutait un tableau de plus petit format qu’il donnait aux peintres des Gobelins comme modèle. La restauration a d’ailleurs permis d’apprécier le style et la qualité de l’œuvre autographe. Les putti aux joues pleines et les figures féminines au canon rond caractéristiques de l’artiste,

Après une restauration ambitieuse prise en charge pour partie par notre Société des amis, comment expliquer les lacunes qui subsistent sur la couche picturale de La Grammaire ? Tout d’abord, ces cartons de tapisserie ont beaucoup souffert à cause de la manipulation des lissiers qui firent des trous dans la toile avec les aiguilles. L’état dégradé tient également au mode de conservation de la toile roulée depuis le début du XVIIIe siècle. D’après Clara Terreaux, conservatrice des collections, « le carton était lisible mais avait l’aspect d’une toile ondulée ». La crasse l’avait recouverte et beaucoup de repeints avaient été exécutés dans le passé. La restauration a d’abord consisté en un nettoyage approfondi pour enlever les repeints du passé qui ont été repiqués en blanc pour masquer les grosses lacunes ou avec un mastic de la même couleur rouge que la préparation. Le choix a été fait d’exécuter une réintégration d’ordre illusionniste concentrée sur les architectures, en particulier pour maitriser le budget conséquent de la restauration.