François Perrier – « Le Sacrifice d’Isaac »

Ce superbe et imposant tableau de François Perrier (1594-1649), « Le Sacrifice d’Isaac » (188,5 x 137,3 cm), a généreusement été mis en dépôt à long terme au musée du Grand Siècle par Monique et Edwin Milgrom, par l’intermédiaire de la Société des Amis.

Dans sa jeunesse, de 1620 à 1628, notre peintre part se former à Rome dans l’atelier de Giovanni Lanfranco. Il revient ensuite à Paris et rejoint l’atelier de Simon Vouet. Il participe, entre autres, à la décoration du château de Chilly (disparu). Bien qu’il obtienne de nombreuses commandes dans la capitale, il repart en 1635 pour un deuxième séjour à Rome où il connait un vrai succès auprès des commanditaires. Il publie des recueils de gravures en eau forte dont celles des fresques de la Farnesina d’après Raphaël pour lesquelles il restera célèbre.

Il s’installe définitivement à Paris en 1645. Il est alors au sommet de sa carrière. Il participe à des décors très importants. Citons le plafond de la grande Galerie de l’hôtel de la Vrillière et le décor du cabinet des Muses de l’Hôtel Lambert. Un an avant son décès, en 1649 il devient un des douze fondateurs de l’Académie Royale de peinture et de sculpture.

Eric Scheier et Alessandro Grogi, deux spécialistes de François Perrier, datent le Sacrifice d’Isaac vers 1640 pendant la période la plus faste de la carrière du peintre.

La puissante composition est articulée par une diagonale imposante formée par les figures d’Abraham, d’Isaac et de l’ange rassemblées au premier plan. Deux arbres croisés, à droite, masquent l’arrière-plan.

Le style original de l’artiste se reconnait à ses imposantes draperies et ses vigoureuses anatomies. Sa palette est dominée dans la partie haute par des tons froids, des bleus, des blancs et des éclairs de jaune, qui apportent une certaine austérité poétique à la scène. En effet, les attitudes calmes et sereines des personnages tranchent avec les représentations habituelles de ce sujet tragique de l’Ancien Testament.